mercredi 11 novembre 2009

Enrouler du câble




D’abord une « base ».

Un cadre Featherbed, un double berceau, ça tient mieux la route et le "guidonnage" est moins casse-gueule.

Et puis, le moteur, forcément un moteur d’anglaise, un T120 pre-unit ou un Norton, pour la pêche et l’architecture du twin. Enfin des bracelets, le plus bas possible sur la fourche, les bracelets. Le poids du corps bien porté sur les poignets pour rentrer dans le virage et bouffer au plus près la ligne de courbe.

Plus de 40 ans que ça me trottait, cette envie "d’ envoyer" sur un circuit. Confronter la bécane aux autres bécanes dans un défit de gosses. A qui tire au plus près du virage, à qui le premier coup de frein, et "kiss my ass" comme à l’époque.

Mon époque, c’était celle des samedis soirs à Bastille.

J’y suis jamais allé à Bastille mais c’est ce qu’on racontait dans Moto Revue : un rencard entre meules pour s’allumer sur le périph' après s'être chauffés autour de la Place, à faire rugir les chevaux du plaisir comme disait l’autre. La piste d'un cirque de mécaniques anglaises, au bitume luisant du crachin parisien. Une vision en noir et blanc, avec un son de trompette bouchée ou de rock saturé.


Dans mon Sud gersois, pas de Bastille ou de périph’ pour de vrai.

Rien que des routes de campagne pour doubler des Motobéc et des 4L agricoles. Auch / Mirande aller retour, un frisson de virolos et de départementales gravillonnées, avec Jojo et Riton, sur des Terrot qui ont porté "maman", des bécanes qui finiront sous une bâche de toile ou modifiés en motos de cross.

Alors les Triton et les réservoirs en alu, alors les freins à tambour double came avec prise d’air à l’avant… je les connaissais par cœur les noms des pilotes mythiques, les Agostini en Agusta, les Barry et tous les autres, tous ceux qui étaient épinglés au-dessus de mon lit, avec le pli du poster qui barrait la bécane.


Maintenant, je le tenais mon quart d’heure de gloire et le Triton définitif, il était à l’ombre, peinard avant la course de ma vie. Un dernier tour de clé, une dernière durite à serrer et j’allais « enrouler » grave, sortir le genou et chauffer le bitume du circuit avec ma bécane, à donf' pour rattraper le temps qui file.

NOGARO, le 3 août 2008


1 commentaire:

  1. Bravo pour ton blog & pour cette éxperience du track.Aldo http://driver46f.skyrock.com/

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