jeudi 29 octobre 2009

Un truc pas possible




Comme on avait rangé les pneus du père à Gus au fond du pré, on a eu, Pete et moi, l’idée d’un parcours aménagé pour nos bécanes.

Ca a été vite fait de les aligner façon « pas japonais », et j’avais à peine terminé le parcours que le Pete a voulu essayer et a enfourché son Knuckle pour foncer dans le jeu.

Je l’ai vu rougir sous l’effort et tenir le guidon d’une poigne bien serrée en jurant tout le long. La fourche n’avait jamais encaissé de pareilles ornières, même pendant nos virées les plus délirantes. Ca faisait GLONG et GLONG et le ressort du springer doublait son allonge quand il sortait de l’ornière.

Quand il a coupé le moteur, Pete a relevé ses lunettes :

« C’est casse gueule comme j’aime ce truc, et on peut organiser des courses d’enfer si on récupère le stock du paternel. Mais faut fixer les pneus avec des fiches, sinon c’est la mort.»

Et c’est comme ça qu’on a eu l’idée des paris.

Pete n’avait pas son pareil pour se faire du fric en inventant des trucs pas possibles.

Maintenant, il était question de proposer le jeu aux dames d’abord, des filles de fermiers qui n’avaient peur de rien, qui carburaient aux pancakes et au sirop d’érable. Le Pete avait compris l’enjeu et posait en dandy avec un sourire pour ces dames, un petit geste pour vérifier la tension des ceintures de reins et mater leurs fesses. Un vrai tombeur avec sa casquette club et son sourire d’acteur.

Une fois convaincues, les filles tannaient les gars jusqu’à ce qu’elles obtiennent leur bon de participation.

Les paris étaient réglos. Ca marchait d’enfer.

Sur ce coup, il y avait eu du monde le dimanche suivant pour reluquer les donzelles et rigoler un bon coup.

Je m’installais alors derrière mon stand de coca, peinard au milieu des bouteilles plongées dans la glace à attendre le chaland. J’avais tout le loisir de mater les runs et de draguer les chéries. Un vrai bonheur.

On s’est marré tout l’après-midi. Succès assuré pour plusieurs dimanches.

On laissait courir jusqu’aux grillades du soir et tout ce monde papotait jusqu’à l’heure du snack, quand il fallait enfourcher les bécnaes pour pousser jusqu’à chez Francis qui annonçait un nouveau groupe venu de Lousiane.

Je restais seul pour ranger le bazar, mais j’avais de l’argent plein les poches et un rancard avec Mina.


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