lundi 2 novembre 2009

Y voir clair




« Jte préviens, Pete, t’auras bientôt plus la place.

- Tu penses, toi aussi, que ça fait trop. Regarde, au-dessus du feu, je peux encore en mettre un. »

Les deux hommes avaient reculé d’un pas pour mieux apprécier l’effet du dernier petit phare, et franchement, on n’y comprenait rien à ce délire d’accessoires.

« Je veux qu’on me remarque tu comprends. Et puis c’est ce qui plait aux filles ».

Pat avait alors levé les yeux au ciel, et maté une nouvelle fois l’engin entreposé dans la grange. On ne comptait plus le nombre de clignos et de boules chromées qui couvraient la surface de l’Electra. Incroyable.

Apercevant Pete exhibant une nouvelle pièce en métal, il avait alors définitivement pensé que Pete avait un problème sérieux avec lui-même et que tout ça avait à voir avec l’immonde paire de lunettes que sa mère l’obligeait à porter depuis la maternelle.

A court d’arguments, Pat avait alors avancé :

« Et où tu vas la faire asseoir, ta copine, t’as vu le délire, autour de la selle ? »

Mais Pete continuait à visser sa dernière breloque en rajustant ses lunettes de myope avec le bout de son index.

« J’avancerai sur le buddy et y’aura la place », il a répondu, tout en sachant au fond de lui-même qu’il n’y avait jamais eu et qu’il n’y aurait jamais l’ombre d’une fesse posée sur cette centrale électrique.

Alors Pat a posé sa main sur l’épaule de son frère et lui a simplement soufflé à l'oreille :

« Non, Pete, tu dévisses le garde-boue arrière là, c’est plus à droite, qu’il te faut visser ».

Portland, 20 mai 1956

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