Il y a deux routes 66. Celle qui
s‘affiche dans les magazines pour hommes et celle qui s’inscrit tranquillement
dans la mémoire de ceux qui l’empruntent.
L’une renvoie à la mémoire
publique des Etats Unis, l’autre à votre
mémoire des Etats Unis.
Intime et pudique. Forcément
narcissique.
Et les deux se confondent
parfois, comme la réalité d’une route historique sur laquelle on aura étalé un
bitume neuf pour le confort des distances ; mais oublié , sur quelques
miles, de couvrir les cicatrices de la Vieille Dame dont on aperçoit l’épiderme
craquelé à droite de la HighWay53, entre la station service de DWIGHT et la ville de PONTIAC, dans l’ILLINOIS.
On jongle alors entre le passé récent et l'avenir immédiat. Et le moteur Cubic Inch ronronne en cadence comme une montre à gousset.
On jongle alors entre le passé récent et l'avenir immédiat. Et le moteur Cubic Inch ronronne en cadence comme une montre à gousset.
Mais pour « faire la Route
66 » il faut commencer par le début. Repasser dans sa tête les westerns en
noir et blanc du dimanche après-midi, ou glisser quelques vinyles noirs dans le
mange-disque de la copine. Fixer le papier peint de la chambre en projetant des
images de lignes droites traversant le désert de Mojave ou pousser la porte du
MEL’s et commander un Rosbif club sandwich assis au fond du poster de Hopper.
Ce matin-là, en me serrant sur la
banquette arrière du taxi qui me ramenait à la Concession Harley Davidson sur
Joliett Road à CHICAGO, je repassais ces images d’après-midi ennuyeuses à
sécher sur un devoir de maths à rendre pour le lundi. J’avais envie d’espaces
dépliés et surprenants, et j’allais dans quelques minutes m’asseoir sur une
Softail Heritage flambant neuf pour remonter le temps et rouler durant plus de
3000 miles.
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