jeudi 12 juillet 2012

Mother Road 1


Il y a deux routes 66. Celle qui s‘affiche dans les magazines pour hommes et celle qui s’inscrit tranquillement dans la mémoire de ceux qui l’empruntent.

L’une renvoie à la mémoire publique des Etats Unis, l’autre à votre mémoire des Etats Unis.
Intime et pudique. Forcément narcissique.

Et les deux se confondent parfois, comme la réalité d’une route historique sur laquelle on aura étalé un bitume neuf pour le confort des distances ; mais oublié , sur quelques miles, de couvrir les cicatrices de la Vieille Dame dont on aperçoit l’épiderme craquelé à droite de la HighWay53, entre la station service de DWIGHT et la ville de PONTIAC, dans l’ILLINOIS.
On jongle alors entre le passé récent et l'avenir immédiat. Et le moteur Cubic Inch ronronne en cadence comme une montre à gousset. 

Mais pour « faire la Route 66 » il faut commencer par le début. Repasser dans sa tête les westerns en noir et blanc du dimanche après-midi, ou glisser quelques vinyles noirs dans le mange-disque de la copine. Fixer le papier peint de la chambre en projetant des images de lignes droites traversant le désert de Mojave ou pousser la porte du MEL’s et commander un Rosbif club sandwich assis au fond du poster de Hopper.

Ce matin-là, en me serrant sur la banquette arrière du taxi qui me ramenait à la Concession Harley Davidson sur Joliett Road à CHICAGO, je repassais ces images d’après-midi ennuyeuses à sécher sur un devoir de maths à rendre pour le lundi. J’avais envie d’espaces dépliés et surprenants, et j’allais dans quelques minutes m’asseoir sur une Softail Heritage flambant neuf pour remonter le temps et rouler durant plus de 3000 miles.




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